UN PEU D'HISTOIRE TRES CLASSIQUE
Tout semble commencer de manière fort banale, avec l'arrivée au XIII ième siècle de commerçants venus d'outre-Rhin qui se spécialiseront dans le négoce de luxe et que l'on appellera les Allemands, puis " Les L'Allemands " et enfin pour simplifier, les Lallemand .
Au milieu du XV ième siècle, le patriarche de cette famille se prénomme Guillaume, alors que son fils Jean obtient le titre de receveur général de Normandie au moment où il s'allie avec une très riche famille de la région de Bourges, les Barillet de Xancoins.
Comme d'autres, ils s'enrichissent par le commerce et la vente à la cour des princes et rois qui séjournaient alors à Bourges. Au moment où ils sont anoblis, leur maison part en fumée dans le grand incendie de Bourges de 1487.
Etaient-ils bien assurés (?) ou leur fortune sonnante et trébuchante était-elle à l'abri, en tout cas, ils font reconstruire, non plus une maison, mais un magnifique et vaste hôtel .
Cet Hôtel porte désormais le nom " d'Hôtel Lallemant ", il était situé sur un terrain qui relevait de 3 paroisses, et donc, il fallait s'entendre avec les trois curés respectifs. Pour se mettre d'accord, il fut décidé que les Lallemant seraient les paroissiens d'un des trois curés et cela changeraient à chaque année.
La construction sur le rempart gallo-romain commence vers 1490, et à la mort de Jean Lallemant en 1494, l'édifice n'en était qu'à ses fondations. Ce sont ses fils qui terminèrent l'Hôtel en 1518, pour ne pas simplifier la compréhension du récit, ses deux fils s'appelaient aussi tous deux Jean ! Pour les différencier on dira Jean l'aîné et Jean le Jeune.
Jean l'aîné deviendra maire de Bourges en 1500, son fils quelques années plus tard. Tous deux appartenaient à l'ordre chevaleresque de Notre-Dame de la Table Ronde. Cet ordre avait été fondé à Bourges en 1492 par Jean de Cucharmois, un riche marchand de Lyon. Et plus tard, cet ordre, qui s'occupait beaucoup de monnaie et d'or, sera dirigé par Jean Lallemant l'aîné.
La suite du monument est somme toute, assez classique. Jusqu'au milieu du XVII ième siècle, il resta dans la famille Lallemant avant d'être vendu à un secrétaire du prince de Condé, puis revendu à des particuliers jusqu'en 1826, date à laquelle un grammairien nommé Pierre-Constance Séguin le vendit à la ville de Bourges.
La ville en fit une école primaire.
Enfin, récemment, le bâtiment devint le siège des sociétés savantes de la région avant d'être le Musée d'Arts Décoratifs capable d'accueillir les collections de mobiliers et d'objets d'art de la ville et de l'Etat, cela date de 1951.
Des travaux de réfection des façades en 1995 et 1996 ont redonné à cet hôtel une beauté incomparable, c'est un des grands monuments de notre Berry.
EN AVANT POUR LA VISITE
Avant de pénétrer à l'intérieur du bâtiment, il nous faut regarder les extérieurs avec deux parties très différentes. Dans la cour d'entrée on peut admirer la façade assez sévère comportant de belles fenêtres avec des sculptures de personnages, comme des chevaliers, des bergers ou encore des animaux.
Au centre de la frise, des animaux à visage humain boivent dans un vase, dans les angles, des feuillages et des oiseaux de proie. 7 fenêtres, tout comme le couloir avec ses 5 voûtes (5/7 chiffres symboliques ?). Il débouche sur une cour à deux niveaux. En bas, sans doute une cuisine et des magasins de commerce. La seconde tour comprend une tourelle à l'italienne.
La porte du bas est curieuse, le fronton est triangulaire avec un médaillon représentant sans doute Pâris, fils de Priam, c'est le profil d'un guerrier coiffé d'un casque à tête de bélier. On adorait à cette époque l'Antiquité, d'où dans les deux cours, des médaillons en terre cuite représentant des empereurs romains. Il n'en subsiste aujourd'hui que deux ou trois.
Au sommet du triangle se trouve une boule de feu rappelant peut-être l'incendie de 1487, à moins que ce ne soit un symbole alchimiste.
L'INTERIEUR CLASSIQUE DE L'HOTEL LALLEMANT
L'Hôtel Lallemant est actuellement meublé ce qui met en valeur un certain nombre de collections du XVI ième et XVII ième siècle.
La salle à manger comprend un beau plafond à caissons, assez classique de cette époque. Au sol, un plancher de forme octogonale est beaucoup plus rare, avec, en son centre, la croix de Saint André à 8 branches. C'est la pièce de l'unité. Les meubles, tapisseries et objets sont à découvrir.
La chambre basse est ouverte, la porte est aux armes de Jean Lallemant, avec une rose et le dizain (qui est, comme chacun sait, un chapelet à 10 glands.....). Cette pièce comporte une cheminée sculptée, avec au centre, les armes de Louis XII et d'Anne de Bretagne, son épouse, c'est-à-dire le porc-épic et l'hermine. Que donne le croisement de ces deux petits animaux ?
Ces emblèmes royaux font l'objet de recherches. On dit que Louis XII, alors duc d'Orléans, aurait été emprisonné à Bourges et délivré par Jean Lallemant. C'est possible. L' autre théorie est qu'en avril 1506, Louis XII et son épouse seraient venus à Bourges et auraient couché dans cette chambre, c'est sans doute faux, mais c'est une belle histoire !
Les salons se succèdent ensuite, avec le salon bleu dont les meubles en marqueterie sont à noter ainsi qu'un cabinet qui aurait appartenu à la famille de Condé.
Les motifs sculptés apparaissent à tout moment, ce sont les phénix, un trophée d'armes avec l'inscription célèbre " SPQR ", et sans oublier les têtes de mort ailées.
En fait, nous sommes, selon les spécialistes du genre, dans un des hauts lieux de l'alchimie.
Les caissons de l'Hôtel Lallemant
La crédence